7 ème conférence PEPPOL à ROME, 29 et 30 mai ; pérennité et maturité

TREVI

La 7ème et ultime conférence PEPPOL qui s’est tenue à Rome les 29 et 30 marque la fin du projet PEPPOL . « At least but not last » cette conférence fut l’occasion d’une synthèse des travaux et des réalisations mais aussi l’annonce du lancement officiel d’Open PEPPOL qui prendra le relais de PEPPOL pour soutenir les développements de la communauté PEPPOL. Autre annonce importante, la commission soutient ardemment le projet BCSS « Basic Cross Sector Services » doté de plusieurs millions d’Euros qui s’inscrit dans le vaste projet d’infrastructure structurant pour l’Europe doté de 2 Milliards d’Euros visant à créer des ponts numériques entre les Etats à l’horizon 2020 et qui reprendra en grande partie des composants techniques développés par PEPPOL. De ce côté, la pérennité est assurée. Mais que faut-il retenir de ce forum ? Avant tout, la grande maturité des cas présentés, qui prouvent que le marché est définitivement en phase d’appropriation de PEPPOL. Fort heureusement, certains opérateurs l’ont bien compris.

Surprenante Italie
Honneur à nos hôtes. Le choix de la majestueuse cité éternelle comme écrin du 7ème forum PEPPOL n’est pas pour rien dans le succès de cette manifestation. Mais enfin, rendons à César ce qui appartient à César. L’Italie a fait montre de plusieurs cas pilotes particulièrement audacieux et encourageant pour l’avenir de PEPPOL en Italie.

L’Italie en pointe sur le catalogue électronique.
La CONSIP, plate-forme des appels d’offres du Ministère des Finances Italien a lancé un appel d’offres entièrement électronique pour le compte du consulat Italien en France. Deux opérateurs économiques Français ont joué le jeu. La définition des besoins a été effectuée sur la plate-forme ACQUISTINREPETA.IT à partir des spécifications du système de gestion de catalogue (pre-award) de PEPPOL. Le Catalogue produit une feuille de style XML qui détaille les caractéristiques des biens et des services achetés. Ce fichier est lu et complété de l’offre de l’opérateur économique et ensuite renvoyé à la plate-forme, très simple. Le Consulat procéda ensuite à la notification électronique signée électroniquement par l’entreprise. Giancarlo DE STEPHANO résume bien les leçons à tirer de ce pilote. Les écueils sont liés le plus souvent à la barrière de la langue et au cadre légal plus qu’aux aspects techniques ou fonctionnels toujours surmontables.

La commande électronique avec TELECOM ITALIA
Par sa plate-forme ACQUISTINREPETA.IT, le gouvernement Italien passe commande à la compagnie de téléphonie Italienne TELECOM ITALIA via le point d’accès PEPPOL opéré par le Groupe TESI. Le premier travail a consisté à l’intégration des composants techniques PEPPOL au portail de commande de la CONSIP. L’acheteur prépare sa commande qui ensuite est transformée d’une part en un document PDF et un message XML d’autre-part. La commande est ensuite signée électroniquement puis acheminée via le point d’accès PEPPOL. Les gains attendus d’un tel système de commande sont simples, à raison de 15 000 commandes annuelles et de 5 minutes de traitement manuel par commande, le gain est de 7,8 ETP par mois. Pour systématiser ces échanges, il est prévu que la plateforme de commande ACQUISTINREPETA.IT devienne à terme elle aussi un point d’accès PEPPOL.

Les Nordiques à l’assault des marchés
Le cas Finlandais, PEPPOL s’adapte parfaitement à l’écosystème de BASWARE
Aucune réglementation particulière ne pèse sur l’e-Procurement Finlandais. Le champ est donc libre pour créer un forum d’échanges entre partenaires publics et privés. Liberté ne rimant pas nécessairement avec anarchie, l’agence Finnoise de développement des systèmes d’information (Tieke) joue son rôle d’autorité de régulation en imposant des règles et des standards et sans doute bientôt PEPPOL comme standard d’échanges avec le secteur public. BASWARE présente deux cas de pilotes associant BASWARE en tant que plateforme de dématérialisation; envoi de facture électroniques de la société STAPLES vers l’Etat Finlandais et la société ARGON MEDICAL vers la région hospitalière Danoise MIDT (Hospitalsenheden) via la plate-forme gouvernementale Danoise NEMHANDELN. BASWARE conclut, PEPPOL s’intègre parfaitement à l’environnement de facturation des clients de BASWARE et apporte de la valeur à plus de 730 000 clients de BASWARE au niveau Mondial.

Article PEPPOL sur le site de BASWARE

Le Danemark détient toujours le record des factures électroniques
Avec 75 millions de factures échangées entre 2005 et 2010, le Danemark établit un record absolu en Europe. Il faut dire que la dématérialisation des factures avec le secteur public est obligatoire depuis 2005. D’abord constitué de factures numérisées, la facture structurée fondée sur le standard UBL 0.7 s’est progressivement imposée représentant aujourd’hui près 80% du flux à un rythme d’environ 1,6 millions de factures par mois aujourd’hui. Sven RASMUSSEN – de la Danish Agency for Digitisation détaille les avantages du portail NemHandel pour les opérateurs et qui se résume en trois points, facile, sure et souple d’emploi.

L’ Ecosse trouve dans PEPPOL un levier à sa politique d’indépendance
La meilleure illustration qui fût donnée de la capacité de PEPPOL à relier les communautés en Europe, résidait sans doute dans l’exposé d’Alistair MERRILL- responsable des achats pour le gouvernement Ecossais. Par décision du Parlement Britannique (Scotland Act) la dévolution de la responsabilité de l’achat public fût donnée de façon pleine et entière au gouvernement Ecossais en 1998. Avec 153 Milliards d’Euros de Produit intérieur brut, l’Ecosse exporte près de 58 milliards d’Euros de biens et de services vers l’Europe (UK inclus). Dans ce contexte, le gouvernement Ecossais considère l’eProcurement comme un levier au service de sa politique d’indépendance vis-à-vis du Royaume Uni. En connectant les opérateurs économiques Ecossais au réseau PEPPOL, PEPPOL leur offre une fenêtre sur l’Europe et un accès direct au marché de l’UE.

Le bilan Français

Pas d’adoption sans imposition
Christophe ALVISET du Minefe, décrit le long parcours de la dématérialisation des marchés publics en France. Depuis l’autorisation des marchés dématérialisés en 2001 jusqu’à l’obligation faîtes aux acheteurs d’accepter les factures électroniques et les offres dématérialisées pour les marchés supérieurs à 90 K€ en 2012, la dématérialisation progresse trop lentement. Si le téléchargement s’est généralisé facilement avec plus de 90% , les réponses électroniques (une réponse électronique pour seulement 20% des appels d’offres au dessus des seuils) et les contrats en ligne peinent à décoller. Il est vrai que le back office et les agents des Administrations ne seront vraiment prêts à traiter l’électronique qu’en 2015. Beaucoup trop de plates-formes , une signature électronique délicate dans la pratique ; il est logique que les entreprises voient dans la dématérialisation un risque immédiat qui supplante largement les bénéfices. Après plus de 10 années d’un parcours difficile, une seule conclusion semble s’imposer pour Christophe ALVISET. L’adoption passera par la mise en œuvre de mesures coercitives. PEPPOL participera à cette évolution sur plusieurs plans. En jetant les bases de développement d’un ensemble de services dématérialisés dans les marchés publics, en encourageant le passage du document au message structuré (commande, facture) en facilitant le chaînage de la passation et de l’exécution des marchés.

L’Adetef lance une appel d’offres gratuit pour tester PEPPOL

Alain DUCASS- Adetef Responsable du projet PEPPOL pour la France dresse un bilan encourageant du développement de PEPPOL en France. Les pilotes sont nombreux et presque dans tous les domaines. Pour la vérification de signature et du dossier virtuel d’entreprise (VCD) cas présentés par Thierry AMADIEU, responsable des pilotes PEPPOL, dans le cadre d’une session parallèle avec achatpublic.com, CG10, Place (Place des marchés Interministérielle), e-Attestations et des projets, e-Megalis, Maximilien ; dans le domaine de l’exécution, avec le catalogue électronique dans le healthcare avec les hôpitaux publics ; la facture électronique, UGAP, CG10 et QWEEBY , les points d’accès SERES et TRADESHIFT etc. Pour encourager l’adoption, l’Adetef lance un appel d’offres gratuit (*) qui permettra de tester les outils PEPPOL.

Jean François JUNGER – Head of Sector, DG INFSO ICT for Government and Public Services, conclura ce forum en insistant sur le fait que PEPPOL a su démontrer la possibilité d’une meilleure interopérabilité entre Etats et opérateurs à l’échelle de l’Europe, mais rien ne se fera vraiment sans un soutien politique volontaire, le support de toute l’industrie des technologies de l’information et la mise en œuvre des outils PEPPOL par les pouvoirs adjudicateurs publics et privés eux-mêmes qui passe sans doute par la référence explicite à PEPPOL dans leurs appels d’offres.

(*) Référence de l’appel d’offres Adetef de test PEPPOL : 2012-M-009-TESTPEPPOL